Un récent ouvrage dirigé par les chercheures en sociologie de l’éducation Sophie Devineau (Université de Rouen) et Nassira Hedjerassi (Sorbonne) traite des représentations de genre et de leurs effets, notamment en éducation.

L’intérêt du volume Genre, images et représentations dans les sphères de l’éducation, de la formation et du travail (Presses de l’Université de Rouen et du Havre, 2019) en termes d’accessibilité, de réussite et de persévérance en enseignement supérieur est d’examiner de près la question des images qui « organise[nt] un monde sexué qui va imprimer sa marque tout au long de la formation des individus ».

Autrement dit, les auteures qui ont contribué à cet ouvrage tentent de montrer comment les différents stéréotypes sexuels influencent les parcours des étudiantes et des étudiants.

Débusquer le « sexisme ordinaire »

Les diverses situations dans le monde de l’éducation et du travail évoquées dans cet ouvrage permettent de dévoiler des inégalités sexuelles qui passent souvent inaperçues tant le « système de genre est intégré à la vie quotidienne ».

Le livre s’adresse entre autres aux actrices et aux acteurs de l’éducation et de la formation dans une perspective d’égalité entre les sexes.  Il y est notamment question des projections de soi des étudiantes, des stéréotypes dans la formation et le marché du travail, de l’apprentissage du monde professionnel.

Quelques contributions

Certains articles ont retenu l’attention du CAPRES.

Dans Alors les filles ? Le pessimisme estudiantin au féminin, le sociologue Florian Olivier (EHESS-Paris) se demande pourquoi les meilleurs résultats scolaires des filles ne se traduisent pas par une meilleure réussite sur le plan socioprofessionnel. Pour ce faire, il explore l’hypothèse d’une moindre confiance en soi du côté des filles, qu’il qualifie d’une forme de « pessimisme » dans la projection de soi et du futur professionnel.

Dans l’article, Étudiantes et étudiants à l’École nationale supérieure des beaux-arts : deux parcours parallèles ?, Zoé Haller (Université de Rouen) analyse ce qui se joue au sein d’une prestigieuse école d’art. Elle montre comment le fonctionnement par « ateliers » est peu accueillant pour les étudiantes : les stéréotypes entourent leur présence, leurs pratiques artistiques et l’appréciation de leurs créations. Ce « sexisme ordinaire » peut aller jusqu’au harcèlement sexuel.

L’article Socialisation professionnelle et représentations genrées, sociales et raciales dans la banque. Les parcours des étudiants en master 2 Banque, de Stéphanie Mignot-Gerard, Constance Perrin-Joly, François Sarfati, Nadège Vezinat, fait état des inégalités de sexe, de classe et d’origine. Ce croisement de trois inégalités permet aux auteures de montrer les différentes formes de discrimination dans le monde de la formation et du travail des banques.

Dans Concilier l’inconciliable : le doctorat et les enfants, Dominique Tanguay, docteure en sciences de l’éducation et conseillère en développement de la recherche à la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval, et Annie Cornet, professeure à HEC-Université de Liège, examinent la persévérance dans leurs études doctorales de parents doctorants. Leurs travaux permettent de mettre en lumière les obstacles rencontrés par les étudiantes parents pendant leur parcours et d’apporter des pistes d’action aux universités.

Devineau, S. et Hedjerassi, N. (2019). Genre, images et représentations dans les sphères de l’éducation, de la formation et du travail. Presses universitaires de Rouen et du Havre, 232 p. ISBN-13 9791024012414.