Afin de s’adapter à la réalité changeante du marché du travail ainsi qu’aux demandes formulées par une population étudiante qui est de plus en plus diverse, de nombreux établissements d’enseignement supérieur mettent de l’avant des formations doctorales professionnelles. Axés sur la recherche appliquée, ces diplômes suscitent l’intérêt de professionnels actifs qui désirent mettre en pratique les nouveaux acquis dans leur milieu de travail. Le Conference Board du Canada vient de publier un document portant sur la formation doctorale à l’attention des professionnels, une tendance en pleine progression au pays. Afin d’exposer la situation actuelle et démontrer les bénéfices possibles pour l’économie canadienne, l’exemple de l’University Royal Roads et son doctorat en sciences sociales est présenté.

Les principales caractéristiques

Le programme de doctorat en sciences sociales (D. Sc.) de l’University Royal Roads a été mis en place en 2010. Sa formule pluridisciplinaire est unique au Canada. Il s’inspire de programmes similaires ayant vu le jour au Royaume-Uni ainsi qu’en Australie. La composante pluridisciplinaire du programme facilite la recherche pragmatique sur les enjeux auxquels font face les industries ou encore la société. Sur le plan de la supervision, pour bien s’inscrire dans cette logique, les étudiants ont la possibilité d’être accompagnés par des experts externes. Tout comme le sont les programmes de type professionnel, ce doctorat de l’University Royal Roads est axé sur la pratique et adopte une approche interprofessionnelle. Les étudiants sont en effet recrutés dans divers secteurs d’emploi (secteur bancaire, droit, consultants en gestion, éducation, gouvernements) parmi les professionnels en milieu de carrière (au moins 10 ans d’expérience professionnelle dans un poste décisionnel). Le programme fonctionne par cohortes, lesquelles comptent de 7 à 13 étudiants. La majorité des étudiants continue à travailler tout en complétant leur diplôme.

Des défis bien présents pour les concepteurs et les étudiants

La mise en place d’un tel programme de doctorat comporte son lot de défis que ce soit pour les concepteurs ou pour les étudiants inscrits. Parmi les nombreux défis, on note, entre autres :
  • L’établissement de la qualité et de la valeur du diplôme auprès des différentes parties prenantes.
  • La conception du programme qui demande de nombreuses ressources (temps, argents, personnel…).
  • L’approche interdisciplinaire qui offre de nombreux bénéfices, mais qui comporte néanmoins une courbe d’apprentissage assez abrupte pour les étudiants inscrits au programme.
  • La supervision adaptée à un programme professionnel.

Les leçons apprises

Les universités canadiennes désirant moderniser leurs programmes de doctorat peuvent s’inspirer du cas de l’University Royal Roads de plusieurs façons.
  • L’établissement de programmes innovateurs requiert des ressources considérables. Toutefois, plusieurs des défis à cet égard s’atténueront avec le temps.
  • Introduire des innovations de façon incrémentale peut aider à maintenir la crédibilité académique.
  • Adopter une méthode flexible et individualisée en ce qui concerne le recrutement, la supervision et la prestation de services fait en sorte que les universités peuvent attirer de nouvelles clientèles.

Un développement qui se poursuit

L’avenir de tels programmes n’est pas encore assuré malgré les bénéfices qu’ils procurent. Il demeure que les types de prestations qui sont développés dans le cadre de ces programmes gagneraient parfois à être pris en exemple par les programmes traditionnels. En effet, ce doctorat se caractérise par des modes de prestation (formation à distance, blended learning, etc.) et de transfert de connaissances distinctes et innovatrices. La façon de mettre de l’avant la mobilisation des connaissances devrait servir d’inspiration puisqu’il s’agit d’une composante en croissance dans tous les types de programmes, même les plus traditionnels.   Pour accéder directement au document du Conference Board Source de l’image : Pixabay