Un récent article (en anglais) paru dans l'édition canadienne de The Conversation et repris dans University Affairs présente cinq stratégies pour aider les conjointes et conjoints des étudiants étrangers à mieux vivre leur propre intégration.

L’article, rédigé par le professeur en psychologie de l’Université de Calgary José F. Domene et intitulé Five survival strategies for spouses and partners of international students, rappelle que le Canada connaît une croissance importante du nombre d’étudiants étrangers inscrits dans les universités, passant de 84 000 en 1995 à près d’un demi-million en 2018 (BCI, 2018).

« J’irais jusqu’au bout du monde »

Parmi les étudiants internationaux, en particulier ceux qui poursuivent des études supérieures, certains ont un partenaire qui les accompagne jusqu’ici, même si le partenaire ne poursuit pas des études. Selon Domene, qui s’appuie sur une étude de Martens et Grant (2008) intitulée A Needs Assessment of International Students’ Wives, plusieurs de ces partenaires sont des femmes qui suivent leurs conjoints dans un pays étranger.

Pourquoi le suivre parfois jusqu’au « bout du monde », selon la formule consacrée ? Selon le chercheur en psychologie, de nombreuses raisons l’expliquent, qui vont du désir d’avoir des enfants ou de maintenir une unité familiale intacte au désir de vivre soi-même l’expérience d’un autre pays.

Domene réfère d’ailleurs à une étude américaine selon laquelle la présence d’un partenaire est associée à une meilleure réussite scolaire chez les étudiants internationaux de sexe masculin.

Domene, dans The Conversation, 2019.

Si les femmes qui accompagnent leurs conjoints dans cette aventure sont diplômées dans leur pays d’origine, elles rencontrent toutefois de nombreux obstacles dans leur intégration socioprofessionnelle à leur arrivée dans ce nouveau pays. Elles se retrouvent souvent dans un emploi précaire et sous-qualifié (garde d’enfants, vente, entretien ménager, etc.). 

Image : Pixabay

De plus, selon Domene, les rôles sexuels traditionnels peuvent augmenter l’isolement des conjointes accompagnatrices et faire en sorte que les services de soutien sur le campus leur sont inconnus, voire inaccessibles si elles ne sont pas elles-mêmes étudiantes.

Stratégies suggérées

1. Demander un permis de travail ouvert

La première stratégie pour les conjointes d’étudiants internationaux consiste à demander un permis de travail ouvert, qui n’est pas lié à un emploi en particulier et permet de devenir admissible pour travailler au Canada.

2. Améliorer ses compétences linguistiques

La maîtrise de la langue majoritaire du lieu d’accueil est un critère important dans la perception de la réussite des partenaires accompagnateurs, selon une étude menée actuellement par Domene et Arthur. La participation à un cours de langue (un atelier de francisation, par exemple) peut aider à augmenter le niveau de communication avec d’autres immigrantes et ainsi créer un nouveau réseau social.

3. Développer son réseau local

La deuxième stratégie est donc étroitement liée à la troisième : en parlant la langue du milieu d’accueil, la personne accompagnatrice peut créer de nouveaux contacts personnels, qui sont aussi un moyen fortement répandu d’obtenir un emploi. Ce réseau peut aussi être une source de soutien personnel et familial et d’amitié.

4. Agir à court terme, planifier à long terme

Selon Domene, l’obtention d’un emploi de débutant ou de bénévole, même dans un domaine qui n’est pas lié aux objectifs de carrière à long terme, est un moyen d’acquérir une expérience de travail dans le pays d’accueil, de « faire son nom » selon l’expression. 

5. Explorer le soutien formel

Bien que certaines cultures misent sur le soutien informel et familial avant tout, il peut être judicieux pour la personne accompagnatrice d’explorer les programmes et services de soutien en matière de carrière, d’emploi et autres pour les familles d’étudiants étrangers, et ce, à plusieurs paliers : à l’université, à la ville d’accueil, au gouvernement provincial et au gouvernement fédéral.

Accéder à la version originale de l’article (en anglais) sur le site de The Conversation