Plusieurs articles ont fait écho au tout récent rapport de recherche de Caroline M. Hoxby (Université Stanford) sur les bénéfices de la formation en ligne au niveau postsecondaire aux États-Unis. Selon la chercheuse, la formation en ligne ne serait pas aussi rentable pour les étudiants qu'on pourrait le croire d'entrée de jeu. Ces conclusions de l'étude ont suscité plusieurs réactions. Parmi les nombreux textes portant sur cette remise en question des bénéfices qui découleraient de la formation à en ligne faite Caroline M Hoxby dans son article, il y une note rédigée par Jonathan Kantrowitz sur le site Education Research Report de même qu’un article de Carl Straumsheim sur Inside Higher Ed. Le premier fait état des résultats négatifs de la recherche alors que le deuxième mentionne plutôt les failles qui ont été relevées dans la réalisation de celle-ci.

Les bases de l’étude

L’étude au centre de la discussion a analysé les données longitudinales des étudiants qui ont suivi au moins la moitié de leurs cours en ligne et qui ont étudié au moins trois ans au postsecondaire, entre 1999 et 2014. Le rapport présente les coûts que ce parcours a entraînés à la fois pour les étudiants et pour les contribuables de même que l’augmentation de revenu qui en a découlé pour les étudiants.

Des bénéfices décevants

Jonathan Kantrowitz souligne que les conclusions du rapport ne concordent pas avec les pronostics optimistes relatifs à la formation à distance. Ce genre d’enseignement ne serait pas substantiellement moins coûteux que l’enseignement en classe. La hausse de salaire obtenue par les étudiants au terme de leur programme d’étude couvrirait à peine les coûts défrayés. Par ailleurs, il y a peu de preuves que les programmes en ligne poussent les étudiants vers des emplois des secteurs de pointe de l’économie. Dans son étude, la chercheuse note également que les étudiants examinés ont fait davantage recours à des crédits d’impôt. Ainsi, le retour pour les contribuables se trouve limité puisque les surplus d’impôts générés sont limités. De plus, les données indiquent que plusieurs étudiants peineraient à rembourser leur prêt étudiant. L’étude de Hoxby suggère également que les économies faites par les collèges offrant un enseignement en ligne sont souvent effacées par les coûts relatifs au soutien aux étudiants et aux enseignants.

Des données et une méthodologie remises en question

Carl Straumsheim, pour sa part, rapporte plutôt les propos d’autres chercheurs qui affirment que la recherche de Hoxby comporterait de sérieuses lacunes. Parmi les critiques, l’auteur souligne l’usage qui a été fait des données relatives aux inscriptions produites par le federal government’s Integrated Postsecondary Education Data System (IPEDS). Les chiffres utilisés par Hoxby ne correspondraient pas aux chiffres mis de l’avant par d’autres chercheurs, notamment ceux de la Cooperative for Educational Technologies (WCET). Elle sous-estimerait notamment le nombre d’étudiants dont la majorité des cours sont suivis en ligne (7 % contre au moins 13 % chez les autres chercheurs). Cela dit, Strausmsheim rappelle que l’IPEDS a déjà été blâmé pour avoir fourni un portrait inexact du secteur de l’éducation en raison des lignes directrices floues qu’il a fournies aux collèges lors de la collecte des données concernant les étudiants inscrits à des cours en ligne. Par ailleurs, d’autres lacunes sont également relevées dans l’étude de Hoxby. D’une part, il y a les chiffres présentés par la chercheuse relativement à la place des établissements privés. Ceux-ci seraient gonflés si on les compare aux chiffres présentés par d’autres sources. D’autre part, la période couverte par l’enquête correspondrait à une bulle dans le nombre d’inscriptions dans les établissements privés, bulle qui a depuis explosé. Ainsi, au-delà de la fiabilité des données qui peut être remise en question, la représentativité de la période couverte par l’étude fait aussi l’objet de critique.   Pour accéder directement à la note de Jonathan Kantrowitz sur le site Education Research Report Pour accéder directement à l’article de Carl Straumsheim sur Inside Higher Ed Pour accéder à l’étude Caroline M Hoxby