La Direction de la recherche institutionnelle de l'Université du Québec a récemment publié une analyse basée sur les données de l’enquête ICOPE (Indicateurs de COnditions de Poursuite des Études) portant sur les enjeux actuels de la formation universitaire à distance.

Cette analyse présente un portrait-type des étudiants en formation à distance (FAD), de même qu’un examen des conditions de réussite pour mettre en lumière les obstacles rencontrés dans leur parcours.

Certaines questions ont guidé la réflexion : à qui la formation à distance convient-elle ? Qui sont les étudiants qui optent pour ce mode d’études et pourquoi le choisissent-t-ils ? Quelles sont les conditions de réussite dans un contexte de FAD ?

Portrait des étudiants en FAD

Les étudiants en FAD sont avant tout des étudiants à temps partiel : 90 % de ceux exclusivement à distance cheminent à temps partiel, contre seulement 24 % de ceux en présentiel. Ils sont aussi majoritairement dans un programme de premier cycle.

Sur le plan sociodémographique, ils sont en moyenne plus âgés que les autres et comptent une proportion un peu plus grande de femmes et d’étudiants de première génération (EPG). Aussi, ils sont proportionnellement moins nombreux à se sentir limités dans leurs apprentissages en raison d’un handicap.

En formation à distance, au moins un étudiant sur deux a  des enfants et sept sur dix travaillent à plein temps. Ce constat fait dire à l’auteure, Sylvie Bonin, que « les besoins des étudiants-parents et des travailleurs doivent être au cœur du développement de la FAD » (p. 6).

Parmi les motivations à s’inscrire à l’université, le fait de vouloir se perfectionner dans son domaine d’emploi est ce qui distingue principalement les étudiants qui suivent tous leurs cours à distance des autres.

Réussite des études

Grâce aux données ICOPE 2011, fusionnées avec le cheminement scolaire des répondants, il est possible de calculer pour la première fois des taux de diplomation pour les étudiants en FAD des autres du réseau de l’UQ.

Les étudiants en FAD ont plus de difficultés à persévérer jusqu’au diplôme que ceux qui ne suivent aucun cours ou une partie de leurs cours à distance. Les taux de diplomation après six ans des étudiants exclusivement en FAD au 1er cycle sont inférieurs d’environ 20 % à ceux des autres étudiants (sauf au certificat à temps partiel).

Pourquoi les taux de diplomation des étudiants en FAD sont-ils en moyenne plus faibles que ceux des autres étudiants ? Une partie de l’explication découle de leurs conditions de vie et d’études. En effet, environ la moitié des étudiants ont au moins neuf facteurs jouant contre eux, comparativement à 30 % chez les étudiants sans cours à distance. Parmi ces facteurs de risque, on retrouve par exemple : être âgé de 25 ans ou plus au premier trimestre, avoir été admis sur une base expérientielle (plutôt qu’un D.E.C.), occuper un emploi 30 heures ou plus par semaine, avoir fait une pause d’études de 3 ans ou plus avant l’entrée au baccalauréat, avoir déjà interrompu des études antérieures, etc. (p.34).

Les caractéristiques suivantes affectent également la persévérance au baccalauréat à temps partiel :

  • La persévérance aux études diminue avec l’âge à l’entrée. Les étudiants plus jeunes ont de meilleures chances de poursuivre jusqu’au diplôme.;
  • Avoir fait une pause d’études avant d’entrer au baccalauréat, notamment de trois ans et plus, est associé à un plus grand risque de décrochage;
  • L’étudiant qui a vécu des interruptions d’études antérieures, que ce soit au niveau secondaire, collégial ou universitaire, est également plus à risque;
  • Avoir un intérêt marqué pour son programme (s’y intéresser depuis au moins trois ans) et avoir une très bonne connaissance de ses débouchés sur le marché du travail sont deux éléments qui favorisent la réussite.

Renforcer l’accompagnement

Le fait que la formation à distance réponde davantage aux besoins des étudiants non traditionnels ajoute, dans certains cas, une difficulté de plus. Les résultats de l’analyse montrent que, globalement, les études à distance sont associées à un plus grand risque de décrochage. Les établissements doivent donc miser sur le développement d’une formation de qualité et un accompagnement hors pair.

Bonin, Sylvie, « Les enjeux de la formation universitaire à distance – Une analyse ICOPE », Direction de la recherche institutionnelle, Université du Québec, novembre 2018, 35 pages.