Séverine Parent et Michelle Deschênes, professeures à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), cosignent l’article intitulé « Créer de la présence à distance pour soutenir l’apprentissage », publié dans le plus récent numéro de la revue Pédagogie collégiale.

Dans cet article, les chercheuses présentent des pistes pour aider les enseignant·es à maintenir une relation instructive, collaborative et significative avec leurs étudiant·es, et ce, même à distance. Pour ce faire, elles s’inspirent des trois dimensions de l’engagement scolaire formulées par Séverine Parent dans un précédent article.

« 1. L’engagement comportemental se manifeste lorsque l’étudiant·e s’applique dans son processus d’apprentissage et participe aux activités pédagogiques en classe;

2. L’engagement cognitif se révèle aux moments où l’étudiant·e s’investit intellectuellement, fournit des efforts, utilise des stratégies d’apprentissage favorisant sa métacognition et démontre, en fin de compte, une meilleure compréhension et une meilleure rétention des contenus importants;

3. L’engagement affectif survient quand l’étudiant·e ressent des émotions positives envers ses pair·es, manifeste de l’intérêt pour le cours et aime apprendre. »

Parent (2018) cité dans Parent et Deschênes (2021), p. 11

Participer aux activités d’apprentissage en ligne

Comment stimuler l’engagement comportemental en contexte de formation à distance? D’emblée, les autrices privilégient la complémentarité des activités synchrones et asynchrones. Par exemple, les activités synchrones peuvent être consacrées à « l’apprentissage actif », alors que les activités asynchrones peuvent être réservées à des visionnements vidéo ou des lectures individuelles.

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Comme les outils de visioconférence permettent de former des sous-groupes, il est aisé de motiver les troupes en mode synchrone par des activités collaboratives : une étude de cas, une simulation, un débat, un jeu de rôle, une résolution collaborative de problème, etc. (Parent et Deschênes, 2021, p. 12).

Un moyen de mesurer l’apprentissage et de s’ajuster au fur et à mesure consiste à utiliser les fonctionnalités des outils interactifs et des plateformes numériques, Moodle par exemple, qui permettent d’identifier les contenus moins bien intégrés par les étudiant·es (Parent et Deschênes, 2021, p. 12).

Enfin, la gestion de la classe virtuelle implique d’établir une communication claire avec le groupe : attentes en matière de règles d’interactions et de courtoisie participative en ligne, voire nétiquette. L’exemple de l’ouverture de la caméra est souvent un enjeu des classes en ligne. Les autrices mentionnent l’exemple de la vidéo, réalisée par le corps enseignant du Cégep Édouard-Montpetit, expliquant aux jeunes pourquoi l’ouverture de la caméra est importante pour leur réussite (Parent et Deschênes, 2021, p. 13).

Quelles stratégies pédagogiques pour un engagement cognitif en ligne?

Les chercheuses suggèrent qu’un plan de cours clair constitue le point de départ d’une session réussie. Pour motiver le groupe, il est possible de créer un plan de cours interactif et convivial grâce à un outil comme Genially. Par ailleurs, les évaluations devraient être abordées dans une approche programme, selon elles. Si le plan-cadre le permet, Parent et Deschênes invitent les enseignant·es à innover quant à leur mode d’évaluation et surtout à offrir plusieurs options aux étudiant·es : « la production de capsules narrées ou d’animations vidéo, l’enregistrement de balados ou la conception de bandes dessinées ou de livres interactifs » (Parent et Deschênes, 2021, p. 14).

« Pour l’enregistrement de balados, le dictaphone d’un téléphone multifonction permet aux étudiant·es d’enregistrer aisément le son de leur voix, et ceux qui souhaiteraient faire du montage audio pourraient y parvenir avec un logiciel sous licence libre comme Audacity. »

Parent et Deschênes, 2021, p. 14

Cette offre d’évaluation diversifiée grâce aux outils numériques contribue à promouvoir la conception universelle des apprentissages en diminuant les obstacles éventuels rencontrés par les étudiant·es. Enfin, des rétroactions positives fréquentes stimulent l’engagement cognitif et encouragent l’apprentissage autorégulé (Parent et Deschênes, 2021, p. 14).

La dimension socioaffective

Selon les chercheuses, le mot-clé pour maintenir la motivation et l’engagement est la « présence » dans l’environnement numérique scolaire, qui rime souvent avec rétroactions fréquentes des enseignant·es. Des outils comme Word ou Google Docs permettent le suivi textuel des corrections, mais il est aussi possible de faire des rétroactions audiovidéo plus conviviales. De plus, les rencontres synchrones en ligne peuvent s’avérer un bon liant socioaffectif, surtout en petits groupes. Et si « l’écran fait écran », il faut être créatif, selon les autrices, en utilisant, par exemple, un outil de clavardage comme InSpace (Parent et Deschênes, 2021, p. 15).

L’importance de sonder le groupe

Un questionnaire en ligne, soumis à des moments clés de la session, constitue une bonne pratique, selon Parent et Deschênes, afin de sonder le groupe sur la qualité du cours (contenu et forme). Elles donnent aussi l’exemple de Fovéa, un tableau de bord de l’éducation pour le collégial, qui permet de recueillir les perceptions étudiantes en temps réel, tout au long de la session.

De nombreuses autres pistes, présentes dans l’article, aideront le corps enseignant à trouver des moyens pour motiver les étudiant·es, en dépit et grâce à la distance numérique.

Références : Parent, S. et Deschênes, M. (2021). Créer de la présence à distance pour soutenir l’apprentissage. Pédagogie collégiale 34(4), 11-16.

Parent, S. (2018). Favoriser la motivation et l’engagement des étudiants… tout au long de la session. Pédagogie collégiale 31(4), 3-8.