Le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (CÉREQ), un organisme français qui développe des connaissances sur les liens entre formation et emploi, a récemment mis en ligne un article portant sur la situation socioéconomique actuelle des diplômés des études supérieures en France.

L’article intitulé Que gagne-t-on à se former ?, rédigé par les chercheurs du CÉREQ Arnaud Dupray et Christophe Barret et issu de l’ouvrage 20 ans d’insertion professionnelle des jeunes : entre permanence et évolution (CÉREQ, 2018), vise à vérifier si la poursuite d’études supérieures garantit toujours l’accès à des salaires plus élevés pour les nouveaux diplômés.

Un critère de qualité d’emploi

Le salaire, en forte corrélation avec le niveau d’étude à l’entrée dans la vie active, est un critère de qualité d’emploi, de positionnement sur le marché du travail et d’évaluation de la situation d’un jeune par rapport à ses pairs. En termes strictement économiques, il donne « une mesure à court terme du retour sur l’investissement dans l’éducation ».

Les enquêtes d’insertion Génération sont un dispositif mis en place par le CÉREQ permettant d’étudier l’accès à l’emploi des jeunes à l’issue de leur formation en enseignement supérieur en France.

Ces enquêtes comparent l’évolution des niveaux de salaires des sortants du système de l’éducation de 1992 et de 2010, observés pendant leurs cinq premières années de vie active.

Compte tenu de l’allongement de la durée des études, les salaires dans la dernière enquête Génération ont-ils progressé ? Les inégalités salariales entre les niveaux de diplôme se sont-elles accrues ?

Contexte de précarité

Selon les auteurs de l’article, les salaires en début de carrière ont effectivement progressé en deux décennies.


En France, près de 44 % des jeunes arrivent aujourd’hui sur le marché du travail diplômés du supérieur, contre seulement 27 % en 1990.

CÉREQ, 2018

Cette hausse de qualifications des jeunes devrait en principe favoriser l’intégration en emploi et des salaires élevés. Or, les jeunes diplômés ont évolué dans un contexte économique plus dégradé pendant la période 2010-2015 que dans la période 1992-1997.

Image : Pixabay

Des emplois de qualité disponibles ?

Si les salaires ont augmenté en dollars constants, les plus diplômés connaissent un net recul de leur pouvoir d’achat mensuel lié à leur activité professionnelle (voir le graphique 1).

Les auteurs soulignent ainsi le décalage entre la masse de nouveaux diplômés et le volume d’emplois qualifiés disponibles, contribuant à affaiblir le signal de « qualité » transmis par la détention d’un diplôme du supérieur. 

En termes économiques, les études supérieures sont encore « rentables », mais moins qu’avant. Nouvelle donne : au-delà de l’aspect salarial, la valorisation du diplôme se situe de plus en plus dans l’accès et le maintien dans l’emploi.

Quel avantage d’étudier ?

Selon Dupray et Barret, le gain à court-terme des études supérieures « ne semble plus à la hauteur de ce qu’un jeune pouvait en attendre à l’orée des années 1990 ». Ce gain se retrouve davantage dans l’accès et le maintien dans l’emploi, l’aspect salarial n’intervenant que dans un second temps.

Les auteurs concluent que les inégalités des débuts de vie professionnelle selon le niveau d’études doivent être examinées en tenant compte, entre autres, des iniquités actuelles des chances d’obtenir un emploi de qualité.

Source : Dupray, A. et C. Barret, Que gagne-t-on à se former ? Zoom sur 20 ans d’évolution des salaires en début de vie activeCéreq Bref, n°372, 2019.