Le réseau des « universités amies des personnes aînées » (Age-Friendly University Global Network – AFU), initié en 2015, compte aujourd’hui plus d’une centaine d’établissements dans le monde, principalement aux États-Unis.

À travers une revue exploratoire de littérature, une équipe de recherche australienne précise le concept des AFU, et documente la façon dont ce modèle s’est concrétisé dans les établissements où il a été implanté. Leurs résultats sont publiés dans l’article The Making of Age-Friendly Universities: A Scoping Review .

Dans un contexte de vieillissement démographique, de plus en plus de personnes aînées s’adressent aux universités pour répondre à des besoins éducatifs divers. Le modèle des AFU comporte 10 principes, qui sont implantés à des degrés variables dans les universités membres du réseau. Dans l’application de ces principes, les auteurs et autrices de l’article ont remarqué que certains établissements privilégient la mission d’enseignement (en transformant les curriculums et les pratiques pédagogiques), alors que d’autres consacrent surtout leurs efforts à inclure les personnes aînées et les enjeux du vieillissement dans la recherche.

Trois approches incontournables

L’équipe de recherche a retenu pour son analyse 13 articles scientifiques portant spécifiquement sur les AFU. Leur synthèse fait ressortir trois facteurs clés qui guident les établissements dans leur démarche pour devenir des universités amies des personnes aînées :

  • Travailler en collaboration au sein de l’établissement : les textes recensés insistent sur l’importance (i) de la coopération entre les différentes facultés, disciplines et regroupements universitaires; (ii) du soutien de la part de la direction et des ressources financières, et (iii) de la collaboration avec les personnes étudiantes, de tous les âges.
  • Tisser des liens dans la communauté : les universités peuvent établir des partenariats avec des organisations représentant des personnes aînées (organisations de défense des droits, maisons de retraite, etc.) pour mettre en place des initiatives d’apprentissage intergénérationnel.
  • Faire partie d’un mouvement international : selon les articles recensés, s’inscrire dans le réseau des AFU comporte plusieurs avantages pour les universités. Elles peuvent notamment jouer un rôle d’influence dans le développement de la recherche en gérontologie et dans l’adoption de principes d’inclusivité et d’apprentissage intergénérationnel.   

Des barrières et des conditions qui facilitent l’inclusion

Les auteurs et autrices ont aussi identifié dans leur revue de littérature plusieurs barrières à la participation des personnes aînées au sein des universités. Celles-ci peuvent être d’ordre personnel (problèmes de santé, responsabilités familiales, isolement, etc.) ou relatives à l’environnement académique, comme le manque d’accessibilité physique, les difficultés liées au transport ou à l’accès à Internet.

En revanche, l’article relève aussi des conditions qui facilitent cette participation. Par exemple, côtoyer des personnes enseignantes plus âgées et avoir l’opportunité de transmettre son savoir dans un contexte intergénérationnel constituent des facteurs d’inclusion. Plusieurs études démontrent les bénéfices des contacts intergénérationnels sur le plan du bien-être et de la santé. Dans le milieu universitaire, ces bienfaits sont aussi d’ordre intellectuel et cognitif, et profitent à tous, jeunes comme personnes aînées.

Les universités actrices de changement

Selon l’équipe de recherche, les universités ont beaucoup à apporter à la société dans un contexte de vieillissement démographique. De même, l’expérience et le savoir des personnes aînées peuvent aussi contribuer à la mission universitaire. En mettant en œuvre une approche d’inclusion des personnes aînées, et en privilégiant les échanges intergénérationnels dans la recherche comme dans l’enseignement, les établissements jouent aussi un rôle dans la lutte contre l’âgisme et la ségrégation sociale fondée sur l’âge. Accueillir au sein de l’université des évènements communautaires à caractère intergénérationnel, par exemple, peut contribuer à transformer positivement la représentation des personnes aînées, comme personnes qui contribuent de façon active à la société et non seulement comme bénéficiaires de soins.

Référence

Montayre, J., Maneze, D., Salamonson, Y., Tan, J. D. L. et Possamai-Inesedy, A. (2023). The Making of Age-Friendly Universities: A Scoping Review. The Gerontologist, 63(8), 1311‑1319. https://doi.org/10.1093/geront/gnac084