Dans un récent article publié dans la revue PIOS Biology, une équipe de recherche propose des solutions pour soutenir les femmes universitaires (étudiantes, professeures-chercheuses, professionnelles de recherche, etc.) qui doivent concilier études, travail et famille.

La journaliste Colleen Flaherty d’Inside Higher Ed présente les grandes lignes de cet article de R.W. Fulweiler et ses collègues qui répertorient des pistes d’action dans le but d’atteindre davantage d’égalité de genre sur les campus.

Bonifier l’offre de services de garde

Les chercheuses plaident en faveur de la mise en place de services de garde abordables et de qualité directement sur les campus. La pandémie a montré que les établissements d’enseignement supérieur devraient prévoir un fonds de soutien supplémentaire pour la garde d’enfants lorsque les options de garde sont limitées par des restrictions de distanciation sociale.

Cette aide pour les mères universitaires devrait être disponible non seulement pour les étudiantes et les professeures, mais aussi pour les employées des universités qui sont confrontées aux mêmes défis. Les auteures insistent sur le fait que chaque femme sur le campus – peu importe sa position académique – devrait pouvoir bénéficier d’une aide pour garder ses enfants.

Une attention particulière devrait être portée aux mères racisées, car le COVID-19 a provoqué une augmentation de l’isolement de ces femmes qui ne se sentaient déjà pas soutenues avant la pandémie.

Les chercheuses conseillent aux directions de recherche d’élaborer des calendriers flexibles avec les étudiantes pour atteindre des objectifs à court terme (le travail de laboratoire, par exemple) et à long terme (les dates de dépôt de projets, par exemple). Embaucher des assistant·es de premier cycle pour effectuer le travail sur le terrain ou en laboratoire pourrait également aider les étudiantes des cycles supérieurs à répondre aux exigences d’un projet de recherche tout en conciliant les études, le travail et la famille.

Des actions des administrations universitaires

Selon R.W. Fulweiler et ses collègues, les directions universitaires exercent déjà un grand pouvoir sur la façon dont les professeures, les étudiantes et les membres du personnel s’acquittent de leurs obligations parentales dans des circonstances normales, notamment en établissant et en appliquant des politiques et des procédures.

En temps de pandémie, si des politiques doivent être ajustées à un nouveau contexte de réalisation de travaux de recherche ou de télétravail, elles ne devraient pas être neutres en termes de genre, car les effets de la pandémie ne sont pas neutres en termes genre.

Les directions de programmes, départementales ou facultaires devraient allouer des fonds flexibles pour soutenir la productivité de recherche des mères universitaires, selon les auteures. De plus, comme la productivité du corps professoral est directement liée à celle des étudiant·es des cycles supérieurs, le congé parental de ces dernières ne devrait pas être à la charge de la direction de recherche; les organismes subventionnaires et les administrations universitaires devraient le financer afin de ne pas décourager l’embauche de femmes scientifiques.

Des organismes subventionnaires équitables

Les chercheuses soulignent que même avant la pandémie, les femmes en sciences soumettaient moins de demandes de subventions que les hommes. Les organismes de financement de la recherche pourraient donc faciliter la prolongation des subventions, compte tenu des circonstances actuelles.

En ce qui concerne la baisse de la productivité des femmes pendant la COVID-19, les auteures suggèrent que les organismes subventionnaires permettre d’inclure les obligations familiales liées à la pandémie dans les futures demandes de subventions,

Vers un système plus juste

Selon les auteures, la crise de la COVID a rendu visibles des inégalités de genre qui ont toujours existé dans le système universitaire.

Le système d’avancement basé sur la productivité serait en lui-même inéquitable pour les mères universitaires qui continuent d’avoir une double charge, voire une triple charge de conciliation études, travail, famille.

Les chercheuses préconisent donc de s’écarter d’un « système de valeurs obsolète » et de faire progresser la science par des « principes de justice, d’équité, de diversité et d’inclusion ». De nombreuses discussions ont déjà eu lieu sur la situation des mères universitaires dans la première année de la pandémie : le temps serait maintenant venu de réaliser des changements systémiques.

Référence : Fulweiler RW, Davies SW, Biddle JF, Burgin AJ, Cooperdock EHG, Hanley TC, et al. (2021). Rebuild the Academy: Supporting academic mothers during COVID-19 and beyond. PLoS Biol 19(3): e3001100.

Consulter l’article synthèse dans Inside Higher Ed