Le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) vient de publier un portrait des personnes réfugiées et immigrantes pour mieux tenir compte de cette diversité dans l’éducation des adultes.

Le document préparatoire pour l’avis du Conseil, rédigé par Maxime Steve Bégin, est intitulé La contribution de l’éducation des adultes et de la formation continue à l’inclusion des personnes réfugiées et immigrantes.

Il vise à exposer la diversité propre à l’immigration permanente au Québec et à soulever certains défis éducatifs qui y sont associés, notamment en termes d’inclusion des nouveaux arrivants adultes. Le rapport ne porte donc pas sur les défis propres aux immigrants temporaires, comme les étudiants internationaux, mais plutôt sur l’inclusion des personnes nées à l’étranger depuis 2010 (immigration de 1ère génération).

Après avoir distingué les catégories d’immigrants permanents (économiques, regroupement familial, réfugiés), l’auteur présente certains constats sur la diversité de leurs caractéristiques sociodémographiques. En voici quelques-uns concernant l’enseignement supérieur qui ont retenu l’attention du CAPRES :

La langue

D’abord, il existe des besoins particuliers et des parcours d’inclusion plus ardus pour des personnes venant de certaines régions du globe. En effet, la proportion de personnes ne parlant pas le français et admises au Québec connaît une croissance depuis le début des années 2010. Cela sous-entend un besoin croissant de services de francisation, mais aussi une offre accrue en matière d’éducation citoyenne pour appuyer ces nouveaux Québécois.

La reconnaissance des acquis

Un autre défi est celui, dans le cas des professions réglementées, de la reconnaissance des diplômes acquis à l’étranger pour de très nombreux adultes dont le pays d’origine n’est pas signataire d’une entente de reconnaissance mutuelle. Le parcours scolaire ou d’intégration en emploi peut alors connaître des bifurcations importantes, entraînant des délais qui rendent plus difficile l’inclusion dans la société.

La discrimination

Un autre défi est celui d’une discrimination basée sur les origines ethniques. Cet obstacle montre les besoins éducatifs en lien avec le développement de compétences interculturelles et l’apprentissage du vivre-ensemble de la part de la population d’accueil.

La vie en région

L’auteur réfère également aux personnes immigrantes qui font le choix de vivre en région. Il convient d’aller au-delà d’une vision instrumentale de la régionalisation de l’immigration qui viserait surtout à composer avec la rareté de la main-d’œuvre. En considérant les besoins éducatifs de façon large (par exemple, soutenir l’insertion en emploi aussi bien que l’éducation citoyenne et l’inclusion sociale), il faut desservir les personnes immigrantes qui font le choix des régions pas seulement comme une future main-d’œuvre.

Image : Pixabay

La littératie numérique

Les analyses de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), basées sur les données du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), permettent de tirer un constat : les compétences en littératie et en numératie des immigrants récents sont, de façon générale, inférieures à celles des natifs du pays.

Les résultats de l’ISQ indiquent que les personnes réfugiées et celles admises dans la catégorie du regroupement familial sont plus susceptibles que les immigrants économiques d’avoir besoin de soutien pour améliorer leurs compétences en vue d’une pleine participation et d’une intégration harmonieuse à leur société d’accueil.

Vers plus de flexibilité

Lors du lancement du document, la présidente du CSE Maryse Lassonde a soutenu que :

« compte tenu de la multiplicité et de la diversité des besoins des immigrants récents, le système éducatif est une des clés de leur inclusion au sein de la société québécoise. Cette diversité qui qualifie l’immigration permanente sous-entend toutefois la nécessité d’un système flexible pour que les réponses apportées prennent en compte la situation de ces personnes »

Communiqué de presse, CSE

Les données recueillies laissent entrevoir que le soutien éducatif apporté aux familles immigrantes devrait être flexible et continu afin de tenir compte de la diversité à la fois des profils des personnes immigrantes et des parcours éducatifs.

Source : Bégin, Maxime Steve (2019). Qui sont les nouveaux arrivants? Portrait d’une diversité à prendre en compte en éducation des adultes, Études et recherches, Québec, Conseil supérieur de l’éducation, 46 p.