Les chercheurs américains E. Maloney et J. Kim identifient quatre grands enjeux de l’enseignement supérieur en cette nouvelle décennie.

L’argument principal sur lequel s’appuie l’ouvrage Learning Innovation and the Future of Higher Education (Johns Hopkins University Press, à paraître en février 2020) est que l’enseignement postsecondaire est en pleine transformation sur le plan de l’apprentissage, une transformation encore méconnue et sous-estimée.

Edward Maloney (directeur du Center for New Designs in Learning and Scholarship de Georgetown University) et Joshua Kim (directeur du Online Programs and Strategy au Dartmouth Center for the Advancement of Learning) sont enthousiastes par rapport à cette transformation dans l’enseignement supérieur. Ils ont toutefois certaines inquiétudes qu’ils partagent dans un récent article paru dans Inside Higher Ed.

1. Des inégalités croissantes

Selon les deux chercheurs, un petit nombre de diplômés américains obtiennent maintenant de bons emplois (sûrs, bien payés, etc.) alors qu’un grand nombre d’entre eux se retrouvent avec des emplois médiocres (précaires, mal payés). La grande partie du travail moyennement qualifié et moyennement rémunéré disparaît peu à peu.

La question est de savoir si les collèges et les universités vont refléter les inégalités croissantes – une augmentation de la concentration de la richesse dans quelques institutions choisies – ou si l’enseignement supérieur va atténuer et peut-être aider à diminuer les inégalités économiques et sociales.

2. Un désinvestissement public

Aux États-Unis, en 2018, les États ont dépensé 13 % de moins par étudiant dans l’enseignement supérieur qu’une décennie plus tôt. Ce désinvestissement a mené à une augmentation rapide des frais de scolarité, faisant exposer le niveau de la dette étudiante, qui a atteint plus de 1,6 trillion de dollars.

Selon les chercheurs, le rétablissement de niveaux adéquats de financement public devrait être la question prioritaire sur laquelle les acteurs de l’enseignement supérieur se concentrent dans la prochaine décennie.

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3. Les défis des programmes de maîtrise

Aux États-Unis, le nombre de diplômes de maîtrise délivrés a augmenté de 66 % depuis 2000 et a triplé depuis 1970. Selon des projections antérieures, il y aura un million d’étudiants inscrits à des programmes de maîtrise d’ici 2029.

Or, les projections actuelles prévoient plutôt environ 840 000 diplômes de maîtrise d’ici la fin de cette décennie. Il s’agit d’une perte de 7,2 milliards de dollars en frais de scolarité sur laquelle les collèges et les universités pensaient pouvoir compter.

Selon Maloney et Kim, les collèges et les universités plus petits et moins connus – ceux qui dépendent le plus des frais de scolarité des programmes de maîtrise pour compenser la baisse des revenus des étudiants de premier cycle – se retrouveront dans une position difficile.

4. L’innovation en matière d’apprentissage

De nombreux collèges et universités ont réinvesti dans l’apprentissage au cours de la dernière décennie. Ils ont reconnu qu’au 21ème siècle, la compétence la plus importante est la capacité à apprendre tout au long de la vie.

Aider les étudiants à devenir des apprenants tout au long de la vie; créer de nouvelles connaissances; contribuer au bien commun : cette triple fonction de l’enseignement supérieur n’est efficace que si l’on accorde à l’apprentissage la même importance, le même investissement et la même position stratégique que la recherche, le sport ou la collecte de fonds.

Selon les chercheurs, la réussite actuelle et future de l’enseignement supérieur dépend de cette importance accordée à l’apprentissage.

Consulter l’article dans Inside Higher Ed (en anglais)

Consulter la fiche de l’ouvrage Learning Innovation and the Future of Higher Education (à paraître en février 2020)