Le plus récent numéro du Journal of International Mobility, une revue éditée par les Presses universitaires de France, fait état des conditions de vie des étudiants internationaux, de même que de leurs stratégies et de leurs ressources d’adaptation.

Les articles de ce dernier numéro (2018, vol. 1, no 6) tentent de répondre à cette question centrale : comment les étudiants internationaux mobilisent‑ils des ressources et développent‑ils des stratégies pour concrétiser leurs projets d’études et de migration et, au besoin, les réorienter en fonction des obstacles et des contextes ?

La culture académique

Dans son article intitulé Appropriation des cultures académiques dans la mobilité internationale, le doctorant en didactique des langues et des cultures Sébastien Favrat s’intéresse à l’écart entre les cultures académiques du pays d’origine et du pays d’études. Il situe l’étudiant dans son parcours de vie et d’éducation, ses motivations pour un champ d’études et ses aspirations professionnelles qui seront les piliers pour l’aider à franchir toutes les étapes. Favrat pose le conflit entre des postures scientifiques différentes comme un des obstacles majeurs dans le cheminement de l’étudiant international.

Étudier dans de petites et moyennes villes

Les articles de ce numéro font état d’une tendance en croissance : le choix par les étudiants internationaux de villes universitaires moyennes ou petites, comme Lausanne, Besançon ou Rimouski. L’article intitulé Être étudiant d’origine étrangère en région au Québec a été rédigé par Véronique Gagnon, la responsable de l’accompagnement des étudiants immigrants et de l’éducation interculturelle au sein d’un établissement d’enseignement collégial technique à Rimouski : l’Institut maritime du Québec. Elle y explique que les politiques gouvernementales d’intégration des immigrants au Québec visent le recrutement et leur rétention dans les régions hors des grands centres, afin de mieux répartir l’immigration sur le territoire et favoriser la vitalité des régions. 

Image : Pixabay

Elle montre la difficile adéquation entre, d’une part, les logiques politiques et institutionnelles et, d’autre part, les projets des étudiants migrants en identifiant les facteurs d’inclusion des étudiants étrangers dans les communautés d’accueil. Par ailleurs, il existe un danger d’instrumentaliser les étudiants à ces objectifs de développement local. Ainsi, bien que les étudiants soient globalement satisfaits de leur séjour d’études à Rimouski et ont apprécié les rapports développés avec la population locale, ils ne projettent pas de s’y installer durablement.

« L’aspiration de retenir les jeunes étudiants migrants dans leur milieu régional d’accueil de première installation va à l’encontre même de la nature du projet de migration pour études qui est en soi mouvant et associé à une période de vie transitoire ».

Gagnon, 2018

L’expérience de la mobilité

Un autre article intéressant dans ce numéro est celui de Jésabel Robin, enseignante à Pädagogische Hochschule Bern (Suisse), intitulé D’étudiante Erasmus professionnelle à professionnelle de la mobilité étudiante : la construction d’un habitus mobilitaire. L’auteure y pose une question importante: et si les ressources et les stratégies les plus signifiantes étaient l’expérience même de la mobilité ?

Plus précisément, elle s’intéresse au travail de réflexivité fait par les étudiants migrants qui identifient les apprentissages qu’ils font, les compétences sociales et professionnelles acquises d’une migration à l’autre, en tant que « ressources vives ». Cette adaptation aux situations et aux apprentissages nouveaux serait leur ressource première. L’auteure raconte comment une expérience de mobilité peut en devenir une de transformation de soi.

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