Un récent rapport montre que les sciences humaines, sociales et fondamentales - appelées Liberal Arts aux États-Unis - sont une valeur ajoutée pour les employeurs actuels. Dans la foulée des récentes publications sur la valorisation des sciences humaines et sociales dans le monde du travail de demain, la journaliste Emma Whitford du média numérique Inside Higher Ed a récemment analysé le rapport Robot Ready : Human+ Skills for the Future of Work (Strada Institut, 2018). Celui-ci souligne la pertinence des « humanités » dans les parcours professionnels actuels et suggère quelques recommandations pour les établissements qui offrent de tels programmes.

Vers une approche intégrée

Contrairement à d’autres documents ne valorisant que les compétences immédiatement applicables et acquises dans des programmes de science, technologie, génie et mathématique (STEM), le rapport soutient que les futurs travailleurs les plus précieux seront ceux qui combineront connaissances techniques et compétences humaines. Autrement dit, c’est l’intégration des compétences humaines et techniques qui permettra de mieux se préparer à l’autonomisation de plusieurs secteurs. Le rapport s’est fondé sur plus de 100 millions de profils professionnels et de curriculum vitae de candidats, de même que sur 36 millions d’offres d’emploi pour déterminer la manière dont l’écart entre ce que les étudiants apprennent en sciences humaines et sociales, et ce dont les employeurs ont besoin.

Carrière des diplômés en sciences humaines et sociales

Les diplômés en sciences dites « molles » ont une carrière fructueuse. Bien que leurs revenus ne rattrapent jamais ceux des diplômés des STEM, 82 % des titulaires d’un baccalauréat es arts (philosophie, éducation, sociologie, histoire, etc. ) travaillent, dont 70 % d’entre eux à temps plein. Le travailleur à temps plein gagne en moyenne 55 000 $ par année, soit 20 000 $ de plus que les détenteurs d’un diplôme d’études secondaires, mais 5000 $ de moins que le diplômé moyen des collèges. Cependant, 2/5 des diplômés en sciences humaines et sociales obtiennent un diplôme d’études supérieures, ce qui fait grimper leur revenu annuel moyen à 76 000 $. Le rapport montre aussi que de leur première à leur troisième emploi en carrière, les diplômés en sciences humaines et sociales font souvent la transition vers des carrières en relations publiques, en gestion et en ressources humaines, des domaines spécialisés et recherchés.

Transformer le savoir en compétences

Ces données peuvent être utilisées de différentes manières :
  • les étudiants peuvent les utiliser pour déterminer de quelles manières leurs compétences « humaines  » – communication, esprit de synthèse, résolution de problèmes, etc. – s’appliquent dans différents emplois ;
  • les employeurs peuvent les utiliser pour rejoindre des candidats qualifiés ;
  • les collèges peuvent les utiliser pour faire des liens entre ce que les étudiants apprennent en classe et des scénarios réels de travail.
À titre d’illustration, Whitford relate le cas d’un diplômé en sciences humaines et sociales qui recherche un emploi. Il tombe sur une offre exigeant des « compétences en communication dans le cadre d’une campagne promotionnel sur les médias sociaux ». Le diplômé doit se poser la question : « comment puis-je traduire ce que j’ai appris en tâches concrètes » ? À cet égard, les professionnels et enseignants qui accompagnent l’étudiant pendant son parcours postsecondaire peuvent l’aider à faire des liens entre ce qu’il acquiert comme savoirs et ce que les employeurs demandent comme savoirs-faire. Un enseignant pourrait expliquer, par exemple, comment le fait de rédiger un essai historique permet d’acquérir des compétences en synthèse et en rédaction. En plus des conseillers et professionnels en soutien aux étudiants et des enseignants, les administrateurs et les doyens qui travaillent à l’élaboration de programmes en sciences sociales et fondamentales devraient s’intéresser à la transformation des savoirs en savoirs-faire dans le monde du travail, particulièrement dans le contexte de l’automatisation croissante.   Lire l’analyse de E.Whitfird dans Inside Higher Ed Accéder au rapport Robot Ready : Human+ Skills for the Future of Work