Le chercheur en sciences de l’apprentissage John Sweller, reconnu pour sa théorie de la charge cognitive, soutient que le cerveau humain a besoin de pauses régulières pour rafraîchir la "mémoire de travail".

Dans une récente entrevue parue sur le site EdSurge, le professeur-chercheur émérite de l’University of New South Wales (Australie) rappelle que le cerveau humain a une capacité assez limitée pour retenir les informations dans la mémoire de travail. Une information ne peut y être retenue pendant plus de vingt secondes sans être répétée. Sweller suggère ainsi d’essayer de se souvenir d’un nouveau numéro de téléphone tout en effectuant une autre tâche.

La fatigue du cerveau

Le secret d’un apprentissage efficace résiderait dans le passage des informations retenues de la mémoire de travail limitée à la mémoire à long terme, qui est un vaste espace de stockage sans limite connue.

Or, seules des quantités très limitées d’informations peuvent pénétrer dans la mémoire à long terme.

Alors que le chercheur pensait que la puissance de la mémoire de travail était constante et qu’elle fonctionnait bien tout le temps, ses récentes expériences montrent que le cerveau peut souffrir d’ »épuisement des ressources ». Autrement dit, la mémoire de travail peut être usée à la suite d’une utilisation excessive.

Si, par exemple, une personne se concentre sur quelque chose pendant plusieurs heures sans reposer sa mémoire de travail, elle aura de la difficulté à poursuivre son apprentissage. Comment donc maximiser son temps d’apprentissage de manière efficace ?

Faire des pauses

La solution résiderait dans la prise de pauses régulières. En effet, il semble que la mémoire de travail se rétablit rapidement lorsqu’on lui accorde des moments de repos, particulièrement lors d’une tâche difficile. Le chercheur suggère ainsi de travailler pendant 20 ou 30 minutes, puis de prendre 5 minutes pour se rafraîchir.

Cet aspect du fonctionnement du cerveau pourrait contribuer à expliquer un phénomène de longue date étudié en sciences de l’apprentissage et connu sous le nom d’ « effet d’espacement ». Cet effet, qui a été reproduit dans de nombreuses études, montre que les étudiant·e·s retiennent mieux l’information si les séances d’apprentissage sont espacées dans le temps plutôt qu’entassées dans un bloc de temps massif.

Selon Sweller, si la mémoire de travail s’épuise pendant les séances intensives d’études (cramming, bourrage de crâne), cela pourrait expliquer pourquoi l’espacement des sessions d’études conduit à de meilleurs résultats d’apprentissage.

Consulter l’entrevue dans EdSurge

Consulter l’article de J.Sweller et al. dans Educational Psychology Review