Les 21, 22 et 23 septembre prochains se tiendra le Forum national sur la réconciliation 2021 intitulé « S’engager dans les pas des étudiants des Premiers Peuples ». Cinq webinaires préparatoires ont eu lieu.

Afin de faire entendre la vision d’étudiant·es universitaires des Premiers Peuples sur la réconciliation en éducation et en vue des webinaires, cinq capsules vidéo bilingues ont été réalisées. Chacune d’entre elles est consacrée à un thème précis et donne la parole à onze ambassadeurs·rices, issu·es des onze nations autochtones au Québec.

Image : site web du Forum national sur la réconciliation 2021

Les onze ambassadeur·rices

  1. Emmanuelle O’bomsawin, Abénakise;
  2. Cyndy Wylde, Anicinape;
  3. Gilbert Niquay, Atikamekw;
  4. Jedidat Matoush, Crie;
  5. Audrey-Lise Basile, Innue;
  6. Andrea Brazeau, Inuk;
  7. Shaelyn Watsenniiostha Nelson, Kanien’kéha:ka;
  8. Vincent Jeannotte Medina, Micmac;
  9. Glenda Sandy, Naskapi;
  10. Benoit Gros-Louis, Wendat;
  11. Édith Bélanger, Wolastoqey.

Capsule 1 – Sensibilisation de l’environnement postsecondaire aux réalités des Premiers Peuples

Chaque personne ambassadrice porte un regard inédit sur ce thème, mais des enjeux communs ressortent de leurs témoignages, notamment le fait que leur parcours scolaire est marqué par le racisme.

La méconnaissance de l’identité et de l’histoire des Premiers Peuples, qui se traduit par des stéréotypes comme la croyance que les personnes autochtones reçoivent des privilèges des différents paliers de gouvernement, revient dans les commentaires des ambassadeur·rices. Il serait donc essentiel que toutes les personnes travaillant auprès de la population étudiante autochtone soient formées et sensibilisées à leurs réalités complexes et plurielles.

« Je pense que cette ouverture, être ouvert à penser différemment, serait la première étape, vous savez, cela impliquerait de faire cet effort pour voir le monde à travers nos yeux, et ce que cela signifie. »

Glenda Sandy

La notion de sécurisation culturelle revient souvent, comme une condition de la persévérance et de la réussite scolaire des étudiant·es autochtones. Pour se réconcilier, il faut que les établissements d’enseignement posent des gestes concrets, précise Gilbert Niquay. Ils doivent être imputables de la réussite de leurs étudiant·es autochtones.

Consulter les pistes d’action et références pour approfondir la thématique 1.

Capsule 2 – Accessibilité aux études supérieures pour les étudiants des Premiers Peuples

D’emblée, Andrea Brazeau constate que l’offre scolaire n’est pas aussi développée qu’il le faudrait dans le nord du Québec, d’où elle est originaire. Ainsi, les étudiant·es arrivent peu ou mal préparé·es dans le sud du Québec pour leurs études supérieures.

Les communautés ne sont pas nécessairement près des établissements universitaires, révélant un défi logistique. Les ambassadeur·rices affirment l’importance des formations à distance, afin de concilier la vie en communauté et l’accès aux études supérieures.

La maitrise de la langue française peut également constituer un obstacle à l’accessibilité aux études, dans la mesure où elle est souvent la langue seconde des étudiant·es autochtones.

Enfin, la détermination et la persévérance constituent des qualités nécessaires pour les étudiant·es autochtones, souvent confronté·es au stéréotype de l’Autochtone sans diplôme. L’entourage familial, la présence des mentors dans ou hors la communauté et les ressources offertes par l’université d’accueil font la différence dans le parcours des ambassadeur·rices.

« Concordia bénéficie également d’un soutien exceptionnel avec le centre de ressources pour les Autochtones. Si ce n’était pas de leur centre, je crois que j’aurais abandonné mes études à la fin du premier semestre. »

Shaelyn Watsenniiostha Nelson

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Image : site web du Forum national sur la réconciliation 2021

Capsule 3 – Soutien et services aux étudiants des Premiers Peuples

Unanimement, les ambassadeur·rices témoignent de leur sentiment d’isolement et d’une adaptation plus difficile au début de leurs études universitaires. L’éloignement avec la communauté semble avoir intensifié ce sentiment.

Cela dit, les étudiant·es insistent pour dire que les services aux étudiants (SAE) adaptés aux Autochtones – comme les festins d’accueil dans plusieurs centres autochtones universitaires, les locaux pour les étudiant·es autochtones, le support en santé mentale – ont fait une différence dans le développement de leur sentiment d’appartenance et ont contribué à leur réussite scolaire.

Les ambassadeur·rices concluent en suggérant des pistes d’amélioration des SAE. Par exemple, l’offre de tutorat par les pair·es ou de mentorat et l’importance d’avoir des personnes autochtones parmi les professionnel·les des SAE pourraient contribuer à la réussite scolaire des étudiant·es autochtones.   

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Capsule 4 – Faire place aux Premiers Peuples dans l’enseignement

Le thème de cette capsule est un enjeu prioritaire pour les ambassadeur·rices. Pour Shaelyn Watsenniiostha Nelson, « les taux d’abandon si élevés sont dus au fait qu’ils [les étudiant·es autochtones] ne se reconnaissent pas dans le curriculum ». La langue d’enseignement, notamment l’écriture du français, peut aussi poser un problème pour certain·es. Mais ce sont les méthodes et les contenus de cours qui doivent être revus.

Les ambassadeur·rices invitent la communauté universitaire à reconnaître la transmission orale et les savoirs autochtones. Ils et elles croient qu’il serait essentiel d’adapter les méthodes d’évaluation pour les Autochtones. Enfin, plutôt que le mode d’enseignement de type magistral, Édith Bélanger insiste sur l’importance d’inclure le modèle de connaissances circulaires privilégié par les Autochtones dans les méthodes d’enseignement, soit apprendre en observant, en écoutant, en faisant ou par mimétisme. Ces méthodes devraient être adoptées par le corps enseignant et les conseiller·ères pédagogiques, selon elle.  

Consulter les pistes d’action et références pour approfondir la thématique 4.

Capsule 5 – Enjeux et leviers concernant la place des Premiers Peuples dans la gouvernance

Les problèmes sont connus, nous disent les ambassadeur·rices, maintenant il faut agir pour la réconciliation. Déjà, selon les étudiant·es, il faudrait dire la vérité sur les réalités et l’histoire autochtones. Pour eux et elles, la réconciliation veut dire : reconnaître que les programmes d’études sont basés sur une culture coloniale. En somme, ce que les Autochtones souhaitent, selon les ambassadeur·rices, c’est l’autogouvernance et la reconnaissance de leur expertise dans la gouvernance. Par exemple, le ministère de l’Enseignement supérieur devrait accepter de déléguer des pouvoirs et des services scolaires aux Autochtones.

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Réalisation des capsules vidéo

Les capsules ont toutes été réalisées par le réseau de l’Université du Québec et l’Université Laval, en partenariat avec de nombreuses organisations autochtones, sous la coordination d’Eve-Lyne Rondeau (chargée de projet, Université du Québec).

Source : Site web du Forum (page des ambassadeur·rices).

Référence complémentaire : Girard, M. (25 mai 2021). Soutien et services aux étudiant·es des Premiers Peuples | Actions et ressources mises en place dans le cadre du Forum national sur la réconciliation. Portail des SAE, Université du Québec.