Un rapport du Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec (RCAAQ) brosse un portrait des besoins des étudiant·e·s autochtones et des obstacles rencontrés pendant leur parcours postsecondaire.

Le document de 38 pages, publié à l’hiver 2020, présente les résultats d’un projet de recherche participative visant à favoriser l’innovation sociale en matière de persévérance scolaire de la population autochtone au postsecondaire.

Les résultats de cette recherche découlent de témoignages, d’observations au Centre d’amitié autochtone de Trois-Rivières et au Centre multi-services MAMUK, ainsi que de l’analyse de l’offre de services des Centres d’amitié autochtones affiliés au RCAAQ.

Persistance des obstacles

Après avoir présenté le contexte vécu par les Autochtones en milieu urbain au Québec, le RCAAQ situe la démarche de décolonisation des établissements postsecondaires dans la foulée des appels à l’action des récentes commissions d’enquêtes de 2019 : l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics.

Bien que plusieurs actions aient été enclenchées, de nombreux obstacles limitent toujours l’accès aux services, notamment en éducation, pour un grand nombre d’Autochtones au Québec.

Selon le RCAAQ, il est impératif de s’attaquer efficacement aux obstacles socioéconomiques, structurels et institutionnels qui freinent l’accès et la réussite des Autochtones aux études postsecondaires.

Quels types d’obstacles ?

Les obstacles rencontrés par personnes qui ont participé à cette recherche divisent en trois grandes thématiques, qui s’inter-influencent :

les réalités socioéconomiques des étudiant·e·s autochtones en milieu urbain, soit la transition en milieu urbain, l’adaptation à la ville et aux études postsecondaires, le choc culturel et l’isolement et le soutien financier, notamment.

À cet égard, le RCAAQ propose de faciliter l’accès aux bourses déjà existantes et de modifier les critères d’attribution afin de tenir compte des facteurs d’éloignement et de la perte de repères communautaires des étudiant·e·s.

les défis personnels des étudiants, soit le fait d’être un·e étudiant·e de première génération, d’avoir à concilier famille et études en tant qu’étudiant·e-parent, de manquer de soutien et de modèles, notamment.

Selon le RCAAQ, il devrait y avoir un suivi étroit des étudiant·e·s dans les programmes libres afin de les aider à s’orienter et de prévenir le découragement scolaire. Ce suivi devrait être assuré par un·e agent·e de liaison autochtone.

De plus, une campagne d’ampleur provinciale de diffusion des portraits d’étudiant·e·s autochtones diplômé·e·s devrait être mise en œuvre afin de présenter des modèles pour les générations futures.

Dans les villes où l’on retrouve une forte proportion d’étudiant·e·s autochtones qui sont aussi parents, des centres de la petite enfance autochtone devraient être implantés.

des obstacles institutionnels, qui comprennent la structure, la gestion et l’organisation des établissements postsecondaires ainsi que les contenus des programmes et des cours.

Ce type d’obstacles comprend les barrières linguistiques. Selon le RCAAQ, adopter une empathie linguistique et compatir avec la situation des étudiant·e·s autochtones dont le français ou l’anglais est une deuxième, voire une troisième langue, serait bénéfique.

Des changements quant à l’encadrement offert aux étudiant·e·s autochtones dans les cours et lors des évaluations seraient nécessaires, en offrant, par exemple, plus de mesures d’adaptation lors des examens (avoir plus de temps pour faire un examen, avoir accès à du matériel supplémentaire, comme des dictionnaires et des grammaires).

Des équipes d’intervention formées à la sécurisation culturelle et qui comprennent les réalités des communautés autochtones seraient souhaitées, ainsi qu’un meilleur suivi en psychologie, notamment par l’entremise d’une ressource de première ligne et d’un suivi touchant d’autres aspects de la vie étudiante.

Selon le RCAAQ, il importe qu’un financement soit déployé pour permettre l’embauche d’agent·e·s de liaison autochtones dans tous les établissements postsecondaires et que le financement soit pérenne. La collaboration entre ces agent·e·s de liaison et les organismes communautaires locaux, dont les Centres d’amitié autochtones, devrait être priorisée.

Enfin, les établissements postsecondaires devraient s’assurer d’avoir un lieu permettant le rassemblement d’étudiant·e·s autochtones. Les établissements devraient aider à la création d’une association étudiante autochtone, assurer la reconnaissance des initiatives autochtones et développer des outils d’accueil.

Collaborations souhaitées

Le deuxième volet du rapport fait état d’initiatives et de pratiques inspirantes pour favoriser la persévérance scolaire et la réussite éducative autochtone postsecondaire, notamment d’initiatives au sein du Mouvement des Centres d’amitié autochtones du Québec.

Les centres d’amitié autochtones et les établissements postsecondaires peuvent collaborer dans l’offre de certains services aux étudiant·e·s. Des employé·e·s des cégeps et des universités peuvent offrir des ateliers au centre d’amitié local, puisqu’il représente un lieu sécuritaire et pertinent culturellement pour les étudiant·e·s autochtones. Les ateliers pourraient porter sur la planification des études et des travaux, la gestion du travail, particulièrement dans les cas de conciliation études-famille.

La création et le maintien de liens positifs, respectueux et durables entre les Centres d’amitié autochtones et les établissements postsecondaires sont essentiels pour la réussite et la persévérance des étudiant·e·s autochtones postsecondaires.

Source : Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec (RCAAQ) (2020). Favoriser la persévérance et la réussite éducative des étudiants autochtones au postsecondaire. Wendake, RCAAQ.

Consulter le dossier CAPRES sur les Premiers Peuples en enseignement supérieur